GILBERT PETIT
Les premières peintures de rue de Gilbert Petit datent de 1996. Bien qu’il soit membre d’un collectif d’artistes, les Chieurs de Monde (CDM), dès la fin des années 80, ce n’est pas sur les murs de la rue qu’il se pose. En cause, une ambiance trop égocentrée caractérisant le graffiti de l’époque. Et lorsqu’il commence à marquer les rues de ses tracés, ce n’est ni son nom ni celui d’un crew qu’il esquisse, mais la silhouette d’un chien, «DOOG». Porte-parole de son humour noir, le canidé en véhicule l’expression : une posture tranquille et un sourire narquois qui observe l’homme pressé, le laisse courir après un règne infini et illusoire. Pictural, politique, graphique et coloré, l’univers visuel de Gilbert fourmille de détails, qui sont autant de symboles de la diversité des sources- qui l’inspirent. La diversification des expériences est d’ailleurs l’un des moteurs de cet artiste. Peintre et sculpteur, il est à l’origine en 2002 avec le collectif MAC, du festival Kosmopolite, premier festival à présenter la scène graffiti internationale en France.
Vient ensuite le collectif Douze Douze (Bagnolet), dont il est aujourd’hui le « directeur artistique », avec lequel Gilbert invente l’Akrylonumérik : un ensemble de performances mêlant le monde digital à la peinture urbaine. Complémentaires de son travail de rue, ces projets alimentent aussi ses créations personnelles exposées régulièrement dans les galeries Wallworks à Paris et Datta à Lyon. Il réalise en 2012 chez cette dernière un solo show, Check my head, dans lequel DOOG vient en héros récurrent chatouiller le visiteur. Cette même année, le Musée en Herbe lui confie, dans le cadre de la rétrospective sur Keith Haring, l’espace Ma première galerie qu’il partage avec ses « filleuls » du moment, le duo THTF, et où il anime des ateliers permettant aux plus jeunes d’appréhender l’art de manière pédagogique. Expérimentant la craie depuis plusieurs années, il développe de nombreuses techniques en adaptant ses fresques extérieures sur de larges supports à fonds noirs, déployant son monde riche en couleurs avec un cynisme qui le caractérise.