« Fast_Shop » de Joachim Romain – 12 septembre au 12 octobre 2019
Dans sa série Fast_Shop, l’artiste puise dans ses intuitions et ses sensations sur les pulsions frénétiques et hypnotiques provoquées par l’achat en ligne. En effet, l’essor des nouvelles technologies et du virtuel ont permis aux marques de se développer mondialement via le support du web. Le e- merchandising s’est propagé proposant désormais aux consommateurs des transactions commerciales dématérialisées et des choix plus exhaustifs que ce qu’un magasin réel peut disposer. L’humain peut ainsi sans se déplacer gagner du temps, comparer les prix des produits et ainsi profiter des meilleures offres, bénéficier d’avis d’autres clients, acheter facilement à l’étranger et accéder en quelques clics à une gamme de produits largement plus étendue que dans le commerce. Agrippé à la roulette de la souris, l’humain survole rapidement la taille, la couleur, la matière, et toutes les autres options marketing censées l’orienter – ou le désorienter – dans son achat online, sans même réaliser qu’il contraint son corps ankylosé à un défilé de pages et d’articles à une vitesse quasi épileptique. Pour ce travail, Joachim Romain s’est appliqué à naviguer sur des boutiques en ligne en collectant, classifiant, archivant des signets, en hackant localement les pages pour modifier le code html des sites et ainsi modifier à sa guise leur charte graphique. Puis il a réalisé des prises de vue de son écran d’ordinateur pour réussir à capter l’essence et l’énergie de notre cadence délirante à consommer toujours plus vite. À l’aide de son appareil photo mis sur trépied devant l’ordinateur, il a shooté en pause longue les pages de ces boutiques virtuelles en prenant soin, au moyen du curseur, de faire bouger l’image de l’écran pour créer des formes et des couleurs aléatoires, analogues à cette sensation de profusion et de vitesse. Superpositions, répétitions, flous, aberrations de couleurs, pixels morts, décadrages d’images, démultiplications, saturations d’encres… sont les résultats de sa mutation volontaire – involontaire – pour exprimer notre comportement d’achat dans le monde virtuel. Il a ensuite tordu, brûlé, arraché, peint, collé les photographies obtenues pour sculpter ses propres tirages et recréer sur ‘‘toile’’ l’usure urbaine de la rue dont son art est issu.